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Pelletier, Jean-Jacques

L’argent du monde - volume 1

mercredi 2 mai 2012, par webmestre

Les Éditions Alire, Québec, 2001, 638 p.

Tome 2 de la saga Les gestionnaires de l’apocalypse, un thriller socio-politique de longue haleine dont chaque tome est également un commentaire sur l’un ou l’autre aspect de notre époque.

p. 101

— J’ai fait vœu de fidélité, dit-il. Pas de cécité et d’impuissance imaginative !
— Tromper en pensée n’est pas moins tromper, insista Dominique en riant.
— Les fantasmes sont la nourriture de la libido. En tout état de cause, c’est madame Théberge qui y gagnera.

p. 121

— Il faut se méfier des gens qui n’aiment pas manger, dit-il. Les lèvres pincées, les fesses serrées, les porte-feuilles cousus, les estomacs rachitiques et les cerveaux barricadés, c’est tous parents. On ne peut pas faire confiance aux gens qui tuent leurs appétits. C’est la vie en eux qu’ils assassinent... et ils ne le pardonnent jamais aux autres !
— Vous exagérez !
— Ils deviennent aigris, que je te dis ! Et l’aigreur, comme chacun sait, mène à toutes les formes de méchanceté, de la remarque insidieuse à l’homicide insistant, en passant par les rapports d’impôt et la musique concrète.
— Les sages ont toujours prôné la modération, il me semble, répliqua Simco, qui s’amusait toujours en compagnie de Théberge.
— La modération, oui ! répliqua ce dernier. Pas l’anorexie ! Le Bouddha lui-même ne dédaignait pas d’afficher un certain embonpoint. La richesse corporelle dénote une nature bienveillante, épanouie, qui accepte un certain laisser-aller et n’a pas besoin de tout soumettre à son contrôle...
[...]
— Une certaine rondeur dans les formes va de pair avec une rondeur de caractère. Le savoir-vivre est synonyme de savoir arrondir les angles.

p. 334

L’action de l’industrie militaire pour soutenir les groupes susceptibles d’alimenter les conflits était bien connue. Leurs cibles favorites étaient les groupes nationalistes et les groupes religieux. Avec les partis ultra-nationalistes juifs, ils avaient les deux. Une véritable aubaine. D’où l’abondance des dons et des subventions. Cela expliquait que des groupes numériquement minuscules puissent avoir un tel poids sur la vie politique du pays et disposer de fonds en apparence illimités.

p. 357

« ... Le client sait très bien que la fille est dangereuse. Il sait bien que, danse après danse, elle lui arrache son argent. D’ailleurs, quand on y pense le moindrement, le seul objectif d’une danseuse, c’est de faire payer le client. Autant qu’elle peut. Et l’objectif final, c’est qu’il soit complètement ruiné.
[...]
— La différence, dans le cas de la danseuse, c’est que le danger fait partie de la séduction. Elle vend du désir. Et le désir, quand il est satisfait, ce n’est plus du désir. Pour durer, il est essentiel qu’il ne soit jamais comblé. Leur travail, c’est de maintenir le client à mi-chemin entre la crainte de se faire ruiner et l’espoir qu’il va se passer quelque chose avant que ça arrive. »

p. 497

« ... Pour eux, c’est une affaire habituelle de suicide. Leur seule préoccupation est de ne pas faire de vagues.
— Normalement, les casinos ont des accords avec les médias. On n’entend presque jamais parler des suicides qui s’y produisent. »

p. 593-594

— Nous pouvons donc aborder notre autre sujet. Les rendements de la Caisse.
— Vous ne pouvez pas vous plaindre. Ils sont excellents.
— Excellents, je vous l’accorde. Et c’est ce qui crée un problème.
— Je ne comprends pas.
— Dans les régimes de retraite publics, une grande partie de la contribution employeur n’est pas capitalisée. C’est une simple reconnaissance de dette. Chaque année, cette dette augmente d’un taux identique à celui obtenu sur le fonds des employés.
— Celui que nous gérons.
— Celui que vous gérez, oui. Alors, plus vous obtenez des rendements importants, plus cette dette augmente.
— Vous ne voulez quand même pas que nous fassions de mauvais rendements !
— Bien sûr que non. Mais une gestion un peu moins active, un peu plus prudente... Après tout, c’est une caisse de retraite que vous gérez. Pas un fonds spéculatif !
— Vous voulez que j’aille dire à mes gestionnaires de diminuer leurs rendements ?
— Non. Mais si vous insistez davantage sur la gestion du risque, si les bonis des gestionnaires étaient attribués en fonction de la diminution de la volatilité plutôt que de la valeur ajoutée...
— Il y aurait automatiquement une baisse globale du rendement.
— Voilà !
— Les clients vont protester.
— Ça, vous savez ce que j’en pense.
— Il y a aussi l’image de la Caisse. À l’Assemblée nationale, dans les médias...
— Il s’agirait de bien présenter les choses. Votre mandat n’est pas de courir après les risques pour tenter d’être les meilleurs, c’est de faire une gestion prudente. Qui pourrait vous reprocher d’être prudent avec l’argent du peuple ?
[...]
— Trouvez le moyen pour que vos gestionnaires supportent personnellement le risque de leurs décisions. Vous verrez qu’ils deviendront plus prudents.


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