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Coben, Harlan

Double piège

mardi 3 janvier 2023, par webmestre

Pocket, Belfond 2018, 432 pages (Fool Me Once, Dutton, New York, 2016, traduit de l’anglais (États-Unis) par Roxane Azimi)

Le roman démarre très bien, avec ce qu’il faut de mystère et une sorte d’anti-héroïne dont les traits de caractère attirent sympathie ou compassion. Veuve et mère d’une fillette, militaire prématurément retraitée, Maya est introduite au lecteur d’une façon exemplaire, parfaitement maîtrisée par l’auteur. Le milieu de Maya et les personnes qui l’entourent font également l’objet de descriptions engageantes et succinctes, efficaces. D’entrée de jeu, on éprouve donc une certaine satisfaction, accompagnée du pressentiment de se retrouver dans un roman qui sera captivant.

Malheureusement, l’intrigue se dilue peu à peu alors que l’auteur nous entraîne dans divers périples qui, bien que liés à la quête de Maya, nous semblent parfois peu justifiés et dont l’accumulation nous fait bientôt apparaître l’ensemble un peu méandreux. Le roman s’étiole et viendra à bout de notre intérêt bien avant d’en atteindre les 400 pages, ni même la moitié.

p. 14

Les seuls moments où les gens défilent devant vous, c’est aux mariages et aux enterrements. Celan ne manquait pas de piquant, mais Maya n’avait pas le cœur à rire.

Impossible de dire combien ils étaient, mais cela prit des heures. Les gens avançaient l’un après l’autre comme dans un film de zombies où, quand on en tue un, on en voit surgir dix.

p. 120

Mais la vie ça, vous change les gens. Ça mine les natures les plus indomptables. Le temps les pacifie. Cette fille pétillante qu’on a connue au lycée... qu’est-elle devenue ? Les hommes sont moins concernés. Ces garçons-là deviennent souvent les maîtres du monde. Et les filles auxquelles tout réussit ? Elles meurent d’une lente suffocation sociétale.

p. 193-194


— Je sais, je sais, dommages collatéraux et tout le bazar. Une formule drôlement vague, non ? Quoi que vous pensiez, que ce soit volontaire ou par accident, nous les citoyens, devons en être informés. Qu’on poursuive cette guerre ou pas. Les industriels trichent et mentent. Les sportifs trichent et mentent. Les gouvernements trichent et mentent. Nous, on hausse les épaules. Mais imaginez un monde où tout ça n’existe pas. Un monde de totale transparence en lieu et place d’un pouvoir arbitraire. Un monde sans abus ni secrets.
— Il y a des lutins et des licornes dans votre monde ? s’enquit Maya.