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Scoppettone, Sandra

Tout ce qui est à toi...

vendredi 2 décembre 2022, par webmestre

Tout ce qui est à toi... est à moi. « Everything You Have Is Mine » (1991), traduit de l’américain par Christophe Claro, Éditions Fleuve Noir, 1995, 416 pages

La traduction mentionne ce titre, plus complet, mais déroutant « Tout ce qui est à toi... est à moi. » en page 3 dans les pages liminaires. Je suis agréablement surpris par cette lecture, d’une autrice qui m’était tout à fait inconnue jusqu’à aujourd’hui. Le texte regorge de surprises et d’humour, mais également d’une sorte de compassion, mêlée de stoïcisme ou d’acceptation, qui donne à l’ensemble un coup de fraîcheur malgré une histoire qui, bien qu’originale, ne soulève pas réellement un vif intérêt. L’intrigue ressemble plutôt à un assemblage, assez tarabiscoté — un état de fait malicieusement souligné par l’autrice elle-même à un certain point — et assez ennuyeux. Il faut plutôt se rattacher aux touches de vies quotidiennes, très bien décrites par l’autrice, formées de très plaisantes considérations sur le couple, la ville, la vie.

p. 49

J’ouvre le frigo et regarde bêtement l’intérieur comme s’il s’agissait du téléviseur.
C’est ainsi que Kip me surprend.
— Tu es en train d’exercer tes talents de détective ou tu participes à une chasse au trésor ? demande-t-elle.
Je m’arrache à ma transe et quand je la vois, la tête légèrement inclinée, un petit sourire baladeur aux coins de ses jolies lèvres, mon cœur bat, j’ai l’impression de la voir pour la première fois.

p. 85

Une fois la porte de l’appartement refermée, nous nous prenons dans les bras, nous embrassons et nous aidons à nous déshabiller. Comme nous ne sommes pas dans un film, ça n’a rien de gracieux, mais c’est urgent et excitant.

p. 162

J’ouvre l’annuaire de Manhattan, espérant trouver un numéro et une adresse au nom de Pearce, mais il n’y a rien. Soit il n’a pas le téléphone, soit il vit dans un autre quartier. J’avoue que je n’ai jamais pensé que les gens pouvaient vivre dans d’autres quartiers, ni qu’il y eût d’autres quartiers. Pour moi, New York c’est Manhattan.

p. 245

— Tu m’as entendue, amour ?
— Oui. Il est un peu tard, non ?
— Pour se coucher ?
— Euh, non.. Enfin je veux dire... on l’a fait il y a pas longtemps.
— Je ne savais pas qu’il y avait un système de quotas, ma douce.
— Ce n’Est pas ça, je....
— Vite fait, alors.
Je veux lui demander ce qu’elle entend par vite, mais me retiens. Kip et moi avons appris que parfois, passé les premières années romantiques, faire l’amour n’a pas besoin nécessairement d’être un grand numéro hollywoodien — ça peut très bien être rapide et satisfaisant, sans pour autant que ce soit dénué de signification.

p. 357-358

Chinatown s’étend comme une flaque d’huile. Elle a gagné du terrain au nord ces dernières années, mordant sur Little Italy comme un pillard lançant une offensive. Du moins, c’est ainsi que les Italiens ressentent la chose.

Le crime organisé règne en maître. Mais le quartier attire néanmoins les touristes, du fait de ses rues étroites et sinueuses, ses boutiques, sa cuisine. Tout le monde a un restaurant préféré dans Chinatown. Tout le monde dit que c’est le meilleur. Rip et moi aimons le Kam Bo Rice Shop, dans Bayard. Et pour le Dim Sum (le petit déjeuner chinois), nous affectionnons le Silver Palace, dans Bowery. Le long de Canal Street, des douzaines d’étals proposent divers aliments et fruits de mer. Pell Street part de Canal et est bordé de restaurants et de boutiques.