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Héléna, André

J’aurai ta peau

dimanche 16 août 2015, par webmestre

Éditions Bel-Air, collection « Détective Pocket » : Paris, 1965, 158p.

On peut lire ce polar en deux ou trois petites heures. Heureusement, car il ne mériterait guère plus d’attention. Pauvre en descriptions, en ambiances et en péripéties, l’ensemble se greffe à l’histoire cent fois retournée du pauvre type qui, en ayant marre de sa morne et triste vie, veut se taper la banque où il travaille. La seule singularité au récit se trouve dans la présence, parmi les petits truands habituels, d’un gigolo, de « ces garçons qui vivent aux crochets des femmes mûres » [p 44]. Le cerveau du groupe, passant graduellement d’une vie passive et résignée à une certaine prise en main des choses, évolue vers le statut de chef de bande. L’évolution du petit personnage vers cette autoritaire et déterminée intelligence est assez finement menée dans le récit. En parallèle, on assiste également à la transformation de sa vie conjugale. Et c’est là peut-être, ainsi que dans les dialogues, que se trouvent finalement les seuls point d’intérêt du livre. Il me reste toutefois une impression qu’un réalisateur — de l’époque — aurait pu tirer un scénario de ce petit bouquin.

Enfin, un mot sur le titre et la couverture. Bien qu’habitué à ces petites éditions mensuelles bon marché, pour lesquelles l’éditeur place en couverture n’importe quelle vignette reprenant tous les clichés du roman noir (fille, violence, atmosphère glauque...), rarement titre et couverture n’auront été aussi étrangers, et même diamétralement opposés, au contenu, qui est plutôt marqué par la renonciation.

p. 87

— Le vioque, tu le fais à chroume, au sentiment, le grand jeu. Tu me donneras l’ardoise. Mais si tu as le malheur de lui réclamer un fifrelin, ce sera ta fête.
— Et après ? C’est un vicieux ?
— Je n’en sais rien. En tout cas tu feras, par la suite, ce que je te dirai. T’en fais pas, il est marié et il travaille, il ne te cassera pas constamment les pieds.
— Alors, je ne comprends pas.
— Tu n’as pas besoin. N’oublie pas que tu es une poule distinguée.

p. 106

— C’est sans doute pour ça que je me suis marié, pour fuir cette solitude.
Solange sursauta.
— Salaud ! siffla-t-elle.
— Mais non, mais non, dit Victorien, paisiblement, puisque tu t’emmerdais aussi. Nous avons simplement associé nos deux ennuis pour en faire de l’espoir. Et nous perdons notre temps à nous reprocher mutuellement ces espoirs déçus.



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