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Beauchemin, Yves

La serveuse du Café Cherrier

lundi 27 juin 2016, par webmestre

Montréal : Québec Amérique, coll. « Littérature / QA compact », 2014, 438 p.

Avec le style narratif simple et direct de Beauchemin, l’histoire se lit facilement et agréablement. Cependant, au fil des hauts et des bas de la jolie serveuse, les réflexions personnelles et autres considérations éthiques sont laissées au bon vouloir individuel de chaque lecteur, qui, il est vrai en l’occurence, se fera rapidement sa propre opinion. Certains ressorts de l’intrigue peuvent sembler parfois convenus, parfois invraisemblables, avec une grille qui oppose la belle candeur de la jeune serveuse à des soupirants plus troubles, manipulateurs ou pervertis.

Personnellement, j’ai été touché par la première partie du roman, partiellement consacrée à la vie familiale de la jeune trifluvienne, avant son départ pour Montréal. On trouve ici la description parfaitement caractéristique et plausible d’un cadre familial, de ses tensions, de ses limites et de son éclatement. De fait, me semble-t-il, les descriptions de Beauchemin me semblent atteindre pleinement leur but lorsqu’elles s’ouvrent à l’influence combinée de plusieurs personnages sur leur environnement.

Cette version est la réédition du livre paru originalement chez l’éditeur Michel Brulé en 2011.

p. 33

Cette première journée au café puisa jusqu’au tréfonds de sa jeune vitalité. Il fallait tout apprendre en même temps : le nom des membres du personnel, le fonctionnement de la caisse, le menu, les usages de la maison, les petits caprices des habitués, ceux du cuisinier, et tout cela en se montrant toujours rieuse et enjouée, comme Camille !

p. 264

Peu à peu, les contours de la catastrophe se précisèrent.

p. 298

— Surveille-toi, ma fille, lui recommanda Gerbederose en passant derrière le comptoir. À la fin, tu sais, le bébé devient comme un jeune loup dans ton ventre : il veut tout dévorer. Ménage tes forces.

p. 303

Il s’arrêta et, malgré le froid humide qui pénétrait ses vêtements, continua de réfléchir, pris d’une indécision croissante, tout en se frottant machinalement le menton avec sa mitaine de cuir.