Il est difficile, pratiquement impossible, de trouver un ouvrage de littérature érotique qui ne serait pas redondant, tant le sujet fait recette. À cet égard, le livre de madame Rey est rafraîchissant. Certainement, on retrouve quelques redondances — propres à l’auteure, faut-il préciser — mais le tout est d’une écriture recherchée et travaillée. Il s’agit de récits, sous forme de lettres et souvenirs, qui s’enchaînent parfois un peu longuement. Par contre, il n’y a rien à redire côté écriture. La langue contient des phrases simples et superbes, des images fortes, crues et non dépourvues des attraits de la plus grande sincérité. Vrai que le sujet se prête à la sincérité, forcément. Celle que l’on trouve dans ce livre nous plonge cependant au plus profond (j’essaie d’éviter les jeux de mots) des pensées avouées d’une femme qui se plaît à dévoiler ses émotions tant intellectuelles que corporelles. Oui. Je crois qu’il s’agit ici du seul livre pour lequel j’appliquerais volontiers une expression aussi improbable que celle d’« émotions corporelles ».
p. 23
Cher sale bonhomme,
Qu’est-ce qui peut t’intéresser encore chez une femme que tu as déshabillée, dont la pudeur a capitulé sous tes regards, gémi sous tes caresses, crié dans l’étreinte ?