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Crichton, Michael, et Richard Preston

Micro

samedi 2 février 2013, par webmestre

[Micro, 2011, traduit de l’anglais (États-Unis) par Christine Bouchareine] Robert Laffont (collection « Best-Sellers ») : Paris, 2012, 480 p.

Crichton nous revient encore avec un roman haletant, parsemé d’épisodes où les situations insolubles accablent les protagonistes et semblent désespérées. Dans ce cas-ci, la survie des jeunes héros du livre est particulièrement mise à l’épreuve. Comme il arrive souvent chez Crichton, un artifice technologique est utilisé pour servir de fondement à l’histoire et au déploiement de ses péripéties. Ici, l’artifice consiste en une machine qui génère des champs magnétiques puissants (des champs sensoriels, précise-t-on) dont la fonction est de miniaturiser les objets. En fait, la machine est suffisamment polyvalente pour y réduire également les êtres humains. L’intérêt du livre tient au caractère extraordinaire de cette réduction : un être humain mesurera 1 millimètre huit. Il est alors facile d’imaginer toutes les situations périlleuses que vivront les personnages miniaturisés. Et pour notre plus grand bonheur, Crichton ne s’en prive pas : les personnages sont exposés à un nombre maximal d’épreuves et autres situations inconfortables. En contrepartie, le périple des personnages à travers la jungle tropicale d’Hawaii nous permettra de découvrir avec intérêt les extraordinaires composantes de ce micromonde qui fait la richesse de la terre : sols, conditions météorologiques, insectes, animaux et plantes de la faune et de la flore tropicales composent une nature qui nous est montrée sous un nouveau jour, teintée de science et de fantastique.

Il s’agit du dernier livre du prolifique Crichton, l’auteur étant décédé en 2008 et laissant le roman inachevé. Richard Preston, également un auteur de romans à suspense de genre best-sellers (virus, bioterrorisme...) a complété l’écriture du livre.

p. 54

— Un brasseur d’air est quelqu’un qui n’a jamais mis ses idées en pratique et ne peut donc les défendre. Et dès qu’il doit s’expliquer, il se met à agiter les mains, à parler vite et conclut souvent avec de grands gestes par des « et cetera, et cetera ». En science, quand on agite les mains, ça signifie qu’on ne connaît pas son sujet.

p. 56

— Fais gaffe qu’un grand groupe pharmaceutique ne vienne pas te coiffer sur le poteau, rétorqua Peter en lui donnant une tape dans le dos.
— Oh, je ne m’inquiète pas ! Si ces types voulaient vraiment développer de nouveaux médicaments, ils s’intéresserainet depuis longtemps à cet arbre. Mais pourquoi se donneraient-ils cette peine ? Ils préfèrent laisser le contribuable américain financer la recherche et attendre qu’un étudiant fasse une découverte après des mois de labeur, pour fondre dessus et la racheter à l’université. Ensuite, ils nous la revendront au prix fort. Jolie combine, non ?

p. 154

— Non, non, pas si vite ! C’est important ! Qu’y a-t-il de si terrifiant dans la nature pour l’esprit moderne ? Pourquoi nous semble-t-elle intolérable ? Parce qu’elle est fondamentalement indifférente. Elle est sans pitié, sans émotion. Que l’on vive ou que l’on meure, que l’on réusisse ou que l’on échoue, que l’on éprouve du plaisir ou de la douleur, elle s’en balance ! Et cela nous est insupportable. Alors nous la redéfinissons. Nous l’appelons Mère Nature alors qu’elle n’a rien de maternel dans le véritable sens du terme.

p. 179

En revanche, Erika Moll, l’entomologiste, ne se sentait pas bien du tout. Elle était gagnée par une angoisse croissante. Elle connaissait suffisamment les insectes pour en être terrorisée. Ils ont une armure et pas nous. Une armure en chitine. Une armure bioplastique légère et superrobuste. Elle passa ses mains sur son bras, effrayée par la délicatesse de sa peau et la finesse de ses poils. Nous sommes tendres. Comestibles. Elle ne dit rien aux autres, mais sa terreur ne cessait de croître sous ses dehors paisibles. Elle craignait de se trahir, de céder à la panique.



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