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Charles, Edward

Les filles du doge

dimanche 30 décembre 2012, par webmestre

[Daughters of the Doge, Macmillan New Writing, 2007, traduit de l’anglais par Daniel Lauzon], Montréal, Éditions Hurtubise HMH, 2009, 576p.

p. 128

Les remous du monde politique et religieux ne semblaient pas le proccuper autant que moi. Peut-être était-ce ce qui arrivait quand on prenait de l’âge, me dis-je. Peut-être que le désir de changer le monde s’effaçait avec les années, et que l’on se réfugiait dans le confort, ou simplement la fatalité du monde qui est le nôtre. Était-ce cela, vieillir ? Le fait de jeter l’éponge ?

p. 304-305

— Dis-toi bien une chose, caro : j’ai peut-être couché avec bien des hommes, mais tu es le seul qui ait su me garder éveillée.
 Je la regardai instamment, en espérant qu’elle disait vrai et que, pour une raison ou pour une autre, je l’avais touchée là où les autres n’avaient pu l’atteindre. C’était un espoir insensé et elle intervint pour y mettre un frein.
— Je n’ai pas beoin de ta permission pour décider de mes conquêtes, Richard.
 Sa voix était dure, et je savais qu’elle m’obligeait à accepter, une fois pour toutes, la réalité de la situation.
— J’en conviens, mais cette idée me blesse. Tu sais, celle de te voir...
— Si un ami t’apprenait qu’il travaille à l’abattoir, tu aurais une moins bonne opinion de lui ?
— Bien sûr que non.
— Dans ce cas, vois-le comme ceci : je gagne ma vie à tuer de vieux cochons. Seulement, je les tue lentement, et ils meurent heureux.
 Pour la première fois ce jour-là, je ris de bon cœur, et elle s’esclaffa avec moi.

p. 401

D’après mon expérience, l’instant même de la mort est souvent un moment d’intimité avec soi-même, et la plupart des gens partent discrètement, lorsqu’on ne fait pas attention à eux ou que leurs parents et amis ont quitté la pièce. Il est étrange de constater à quel point cela arrive souvent. Même les yeux fermés, on dirait qu’ils sont en mesure de savoir qu’on les observe, et au moment ultime, ils semblent trouver une certaine dignité dans le fait d’être seul. Peut-être est-ce le sentiment de se savoir enfin en paix avec soi-même, ou du moins de savoir que le combat est terminé et qu’on peut quitter le champ de bataille avec honneur.



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