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Microsoft, Monsanto, même combat ?

dimanche 3 janvier 2010, par Richard

Le 23 décembre dernier, alors que la vague de froid générait une situation chaotique sur l’ensemble de l’Europe et que de son côté le Canada se remettait de ses efforts « concluants » au sommet sur les changements climatiques de Copenhague en réprimandant le premier ministre du Québec, Jean Charest, d’y avoir critiqué le Canada [1], tombaient simultanément deux nouvelles. L’une, àl’Associated Press (AP) et l’autre àl’Agence QMI (Journal de Montréal). La première fait état d’une enquête de l’AP qui met àjour les efforts de la multinationale Monsanto pour éliminer la concurrence, alors que la seconde relate la conformation d’une décision de cour étatsunienne reliée àl’activité de Microsoft.

En bref, Monsanto, dont les gênes brevetés sont présents dans 95% du soja et 80% du maïs cultivés aux États-Unis, empêche par toutes sortes de moyens les compagnies de biotechnologie rivales de distribuer leurs propres produits. Outre des méthodes commerciales douteuses, intimidantes et contraignantes pour les sociétés de distribution, Monsanto contraint les compagnies avec lesquelles elle fait des ententes, de ne pas distribuer les produits d’autres compagnies rivales. Cette pratique est en tous points semblable aux pratiques commerciales de Microsoft.

Le même jour, on apprenait qu’un cour fédérale étatsunienne confirmait une condamnation de Microsoft pour violation de brevet appartenant àla compagnie canadienne i4i. Le résultat m’importe peu, ce qui apparaît encore àtravers cette poursuite est le comportement particulièrement indigne de la grande entreprise de Bill Gates qui poursuit sa politique de malveillance contre tout ce qui n’est pas elle, utilisant sans vergogne son pouvoir dominant et sa situation de monopole. Dans ce procès, un des arguments de l’entreprise était àl’effet que « le public souffrirait d’une interdiction de vente de Word  » le temps que la compagnie trouve une solution de contournement. D’autre part, preuve a été faite que « des courriels provenant de Microsoft montrent qu’ils connaissaient le brevet et ont contribué àfaire en sorte de rendre les produits d’i4i obsolètes  », selon les mots de l’avocat Douglas Crawley.

Il est clair que pour Microsoft ou Monsanto, on ne se satisfait pas de la mise en valeur de ses produits. On utilise la contrainte et des techniques d’intimidation pour éliminer la concurrence et accroître son marché. Parallèlement, un discours artificiel et particulièrement oiseux et débordant de belles intentions est destiné aux consommateurs comme quoi ces derniers bénéficient d’une meilleure qualité de produits àmoindre prix. Pour ce qui est de la qualité, on repassera, les produits de ces deux entreprises étant parmi les plus critiqués : pour un les plus inefficaces, pour l’autre les plus nocifs àla conservation de la biodiversité terrestre. Et en ce qui concerne le prix, c’est le plus souvent exactement le contraire qui se produit [2].


[1M. Harper disait : « Je pense que les Canadiens s’attendent — lorsque le Canada entre dans le domaine international, dans les négociations internationales — que les débats provinciaux, les débats partisans et les agendas personnels restent derrière.  » Pourtant, n’est ce pas ce que qu’accomplit lui-même M. Harper : des débats partisans et un agenda personnel en sabotant les aspirations des Canadiens, en ignorant totalement l’opinion publique malgré sa minorité élue, et en tirant vers le bas les efforts de la communauté internationale ? D’ailleurs, l’environnemnt n’est-il pas également de compétence provinciale (une comptéence partagée avec le fédéral) ? Ne serait-ce que pour cette raison, Ml. Harper devrait au moins écouter l’opinion des provinces et en tenir compte. Je suis d’ailleurs reconnaissant àM. Charest — plutôt exceptionnellement et pour une rare fois — d’avoir fait valoir que le Québec n’est pas tenu de se lier aux engagements du Canada sur ce point.

[2Monsanto a augmenté le prix de ses produits de 25% en 2009 et une nouvelle hausse de 8% est déjàprévue pour 2010. Partant de décembre 2009, et depuis 2008, le prix des produits de soja de Monsanto s’est accru de 28%.