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Petrowski, Nathalie

La vie de ma mère

lundi 11 août 2025, par webmestre

Les éditions La Presse, Anjou, 2023, 136 pages (24,95 $)

Le récit de Nathalie Petrowski rend écho — ainsi qu’un hommage certain — à la vie mouvementée de sa mère, Minou. En quelques chapitres courts, l’autrice retrace les divers aspects de la vie de Minou, animatrice, écrivaine, journaliste, femme. À petite touches, le récit laisse également place aux liens complexes, et parfois distants, qui liaient mère et fille, dans une narration qui relève les aspects d’une personnalité forte et passionnée, ainsi que d’une liberté d’esprit qui animait Minou, tant envers son propre espace que celui accordé à sa fille.

Bien que « c’était une battante, une résiliente » (p. 40), Minou avait éprouvé un grand sentiment d’abandon, un vide affectif qui aura marqué sa vie entière et la relation qu’elle entretenait par la suite avec sa fille, qui avouera ici, une mère « aux abonnés absents », une « mère qui n’a jamais existé », ainsi qu’un certain nombre de ressentiments conséquents avec la relation complexe entretenue par Minou avec sa fille.

Nathalie Petrowski livre ici un récit très personnel et courageux. Elle parvient à retransmettre un témoignage de tendresse, qui bien que dirigé envers et vers la mère, parvient également à faire ressurgir dans l’autre direction, de la mère à la fille, une tendresse inexprimée, qui pourrait à la fois se révéler solide, mais obligée et défaillante.

p. 81

J’aurais voulu qu’elle m’apprenne à me maquiller. J’aurais voulu qu’elle me révèle le secret de ses vinaigrettes ou de ses artichauts à la barigoule. Elle cuisinait merveilleusement, quand elle s’en donnait la peine Mais la dernière chose qu’elle souhaitait, c’était que sa fille reproduise les clichés d’une féminité dépassée.
[...] L’époque y était pour beaucoup, une époque de grands bouleversements sociaux pour les femmes, qui apprenaient à s’affirmer et à s’assumer face à leurs maris, leurs pères, leurs patrons. Finie la soumission millénaire au pouvoir masculin. La révolution grondait dans les chaumières. Les femmes se libéraient de leurs chaînes, et tant pis pour les dégâts et les dommages collatéraux !

p. 91-92

Le problème, avec le temps et les années, c’est qu’ils avancent malgré nous et malgré tout. Minou et Louis étaient comme deux trains fonçant dans deux directions différentes : Louis vers ses trente ans, un âge qui le rendait encore plus beau et désirable, tandis que Minou, elle, s’enfonçait inéluctablement dans la soixantaine, avec tout ce que cela comporte comme meurtrissures et comme flétrissures.