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Petit et sournois

samedi 20 décembre 2008, par Richard

Damned ! Je ne trouve pas d’autres mots ! Même si ce n’est pas proprement parler !

Montréal, le 20 mars 2007, au terme d’une frileuse enquête le nez en l’air àscruter tous les petits panneaux accrochés aux poteaux sous des vents glaciaux, nous pensons conclure, après dix bonnes minutes de marche et parcours, en vertu de diverses observations, que « nous pouvons, effectivement, sans danger, stationner ici-même, àl’endroit exact où se trouve la voiture ». Sur cette petite rue résidentielle, qui arbore une allure accueillante et pacifique, il faut surtout se méfier de ses apparences feutrées et confortables, il faut se résoudre àun examen attentif de toutes les indications reliées au stationnement, et tout particulièrement celles reliées au stationnement des résidents, réservé par vignettes. Cette routine semble simple. Ce ne l’est pas. Il est très difficile de les comprendre.

Il faut rassembler le plus d’information possible, ce qui implique de dresser un plan mental où se positionnent approximativement les limites des zones de stationnemtn réservés aux résidents. À ce tableau, il faut ajouter les panneaux d’interdiction reliés aux heures consacrées au nettoyage de la rue. Il s’en suit un amalgame, un cartographie qui permet le plus souvent d’avoir une certaine assurance d’échapper àtoute possibilité de contravention. Ce soir-là, sur cette petite rue paisible, nous avons donc repéré un minimum de 8 panonceaux pour lesquels il a fallu consacrer toute l’attention nécessaire àdécrypter l’ensemble pour en composer un tout cohérent avec des points précis.

Cet examen assez consciencieux terminé, toujours le nez en l’air pour une dernière vérification - des fois qu’on aurait oublié un panneau caché, hein ! -, nous abandonnons finalement làla voiture, enfin répus d’un vague sentiment de victoire et de contentement. Et nous pouvons enfin partir nous réchauffer, avec un vague sentiment bienheureux de satisfaction d’avoir ainsi déjoué toutes les embà»ches possibles semées làcomme ailleurs dans une ville où tout le monde semble chercher sa place.

Au matin, encore confiants, plutôt même insouciants, nous partons récupérer la voiture. Mais la surprise est là : évidemment ! Une contravention se colle frileusement au pare-brise. Petit bout de papier dont la seule présence en impose. La catastrophe est annoncée, mais àcombien s’élèvera-t-elle cette fois ? D’ailleurs, est-elle méritée cette contravention ? Qu’en est-il exactement ? Notre calcul de la veille était bon. Certain même ! Nous procédons au déshabillage du document, pelure après afin d’arriver au coeur du problème, làoù se logent les petites écritures souvent indéchiffrables. L’infraction ? Stationnés devant un parcomètre sans payer le tarif. Hein ? La surprise est totale, mais encore plus grande car il n’y a pas de parcomètres sur cette quiète petite rue de quartier. Nous nous regardons l’un l’autre un moment avec quelque étonnement.

Nous allons donc explorer les bordures du trottoir et découvrons le coquin, caché dans l’ombre, bassement tapi dans le noir àattendre hypocritement sa victime. Je me fâche àla découverte de ce piège : l’unique parcomètre de cette accueillante petite rue. Ah ! Un parcomètre nain. Pas très haut, destiné aux handicapés. Un seul ! Làdevant moi, il existe réellement.

Et nous qui avions scruté poteaux, branches, arbres, débusquant l’une après l’autre les interdictions camouflées, toujours le nez en l’air ! Que fait làcet engin ? Quels handicapés sert-il s’ils doivent payer leur place ?

Peut-être après tout, les petits panonceaux sont-ils juchés làet là, dans les airs, dans le but de distraire notre attention.